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Pour qui les Français ont-ils voté en mai ?


Une question de fond se pose en cette période de "vague bleue" : le "système Sarkozy" est-il dangereux pour la démocratie ?

En effet, si l’homme a des qualités de battant indéniables, il a aussi une fâcheuse tendance à accumuler une série de défauts qui orienterait la République française vers un style berlusconien qui ne nous convient guère, à nous écologistes en particulier, et à la tous les démocrates en général.

Américanisation de la société française.

C’est le premier point flagrant, car la campagne s’est faite essentiellement par les médias télévisés, et rarement en étudiant les sujets de fond. Par contre la centration sur les sondages, ou sur les anecdotes de la campagne ont caractérisé les commentaires des images début 2007. La récente législative a peu corrigé ce défaut. En plus, une partie de ces médias sont aux mains des amis de Nicolas Sarkozy, citons Martin Bouigues ou Arnaud Lagardère. Et on ne peut pas dire que l’indépendance d’esprit des rédactions de TF1 ou du Point ait été une de leur caractéristique principale.

Mis à part quelques organes de presse qui ont particulièrement résisté tout en gardant leur indépendance, comme Marianne ou le Canard enchaîné, il y eut peu d’information objective. Et si on constate que la grande majorité des Français regardent exclusivement la télévision pour s’informer, avec le pouvoir important des chaînes commerciales, alors il est à craindre que la simplification style TF1 et M6 continue à avoir des effets populistes sur le raisonnement de nos concitoyens.

Ceci est aggravé par le peu de critiques sur le programme du candidat Sarkozy. Les slogans avaient remplacé les études de fond sur les sujets qui touchent les Français et la juxtaposition des solutions individuelles a tenu lieu de changement d’intérêt général. Il n’y a eu quasiment rien sur le bilan du gouvernement sortant alors que celui sur la sécurité est plutôt mitigé et que les chiffres du chômage étaient enfin à la baisse grâce à un traitement social que l’UMP fustigeait quand elle était dans l’opposition… Nous ne nous étendrons pas sur le slogan de la valeur travail à réhabiliter, alors que le travailleur Français a la plus forte productivité d’Europe. Peu d’interrogations donc et un matraquage médiatique grâce à des slogans simplistes : tout ceci concourt grandement à l’américanisation de la France.

Bonapartisation de la France

Nicolas Sarkozy s’est souvent présenté comme un sauveur. Il a concentré de nombreux pouvoirs et s’est construit sur une forme de volontarisme qui frise parfois la brutalité. Comme le référent corse, Sarkozy prétend gouverner dans l’intérêt du peuple, mais le gouvernement dont il est issu a tout fait pour les plus favorisés. Ajoutons à cela l’insistance répétée sur le drapeau et la nation, et on peut y voir une forme de replis sur la France alors que l’ouverture sur l’Europe était à mon avis nécessaire après le non au référendum.

Cette posture de replis nationaliste a été accentuée par la reprise de nombreux thèmes du Front national, que ce soit l’immigration ou la sécurité. Elle a ainsi permis que les Français qui gagnent peu se soient portés sur le candidat de l’UMP. Et ce qui est alors surprenant, c’est qu’en jouant sur la peur que celui qui est en dessous puisse prendre leur place, on a réussi à éviter que le regard ne se porte sur les cadeaux aux plus nantis.

Ajoutons que l’exercice du pouvoir par Sarkozy est particulier, car elle recèle aussi une forme de brutalité. Des colères mémorables aux insultes aux collaborateurs, rien n’a été démenti, et il semble qu’il y a comme une frustration originelle à compenser. Mais nous ne sommes pas en politique pour guérir Sarkozy, mais pour nous en préserver. Cependant, la forme de violence verbale qu’il emploie, traitant globalement les jeunes des cités de "racailles" et pratiquant la surenchère en affirmant qu’il ne fait que "dire tout haut ce que tout monde pense tout bas" nous porte à penser que le contrôle de soi n’est pas la qualité première du nouveau Président.

Ses dernières décisions, débauchage de personnalités de gauche ou intérêt apparent pour le Développement Durable, complètent la tendance bonapartiste du personnage en y ajoutant une touche de rouerie. Peu de scrupules, ambitieux et n’hésitant pas sur les moyens, le Bonaparte de Neuilly va-t-il conduire la France à de grandes victoires ?

En fait, berlusconisation

Heureusement, les Français n’ont pas voté pour un nouveau Napoléon, car on sait comment cela a fini… Le signe le plus caractéristique est cette croisière effectuée dès le lendemain de son élection sur le bateau de son ami Bolloré. Certains ont vite fait le parallèle avec Kennedy à cause de son penchant pour ses goûts de luxe.

C’est vrai, qu’il a du mal à s’empêcher d’afficher le Sarko : Ray-Ban, Breitling, … comme s’il avait vécu dans la misère en faisant du lèche-vitrine toute sa jeunesse. Il a des amis puissants, comme Serge Dassault ou Bernard Arnault, mais le parallèle s’arrête là, car il n’ y a pas le penchant pour les belles actrices.

Le contrôle indirect sur les médias, le Figaro, ou la Tribune ( pour les deux amis cités ci-dessus ) fait penser à Berlusconi. La récente tentative pour ne pas publier le fait que Cécilia Sarkozy ne soit pas allée voter au deuxième tour l’illustre parfaitement.

Comme l’ex-condottiere, le parcours de Sarkozy démontre sa volonté de pouvoir et de main-mise : il a été Ministre de l’intérieur, président de l’UMP et Candidat-Président en cumulant les postes, et même en mélangeant quelque peu les porte-monnaie, quand par exemple une partie des transports pour le meeting de Versailles a été payé avec les fonds du ministères…

La forme particulière de concentration des pouvoirs qu’il représente est inquiétante.

Et maintenant qu’il est en haut de l’échiquier politique, ses liens avec les différents lobbies sont bien apparents. Le risque est bientôt que le Président ait une majorité écrasante à la chambre des députés, car avec ses appuis dans les milieux financiers, il est sûr que les perdants seront les Françaises et les Français les moins favorisés. Quand le gâteau augmente, il n’y a pas forcément partage.

Résister, comment ?

Après les législatives, il y aura peut-être un réveil des consciences. En tout cas, il faut résister, car les objectifs de cet homme et de son système sont personnels. Nous, écologistes, nous nous sommes engagés pour des objectifs de long terme : la préservation de la planète, la paix et la justice sur celle-ci.

Une prochaine tribune détaillera des solutions vertes possibles.

mise en ligne le jeudi 21 juin 2007 , par Jean-Marc Massin Jean-Marc Massin .


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