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voeux à la presse de Cécile Duflot


Bonjour,

comme c’est la tradition, je vous souhaite au nom de toutes les Vertes et de tous les Verts, une fertile année 2008.

Rassurez-vous, on ne vous a pas fait venir pour vous tancer ou pour vous faire des annonces fracassantes sur l’avenir de votre chaîne. Comme vous le savez, les Verts sont non-violents et contre toutes formes de maltraitance sociale, fussent-elles vis-à-vis des journalistes... même quand ils ne nous le rendent pas.

Ce qui pourrait paraitre une boutade ne l’est pas complètement. Au classement 2007 de la liberté de la presse établie par Reporters sans frontières, la France est classée 31e sur 169 et l’ONG précise que de nombreuses inquiétudes demeurent en raison de cas de censure persistants, de perquisitions dans des rédactions et d’un manque de garanties concernant la protection du secret des sources. Je vous souhaite à cet instant de pouvoir mener votre travail dans les meilleures conditions possible. Je n’oublie pas les 167 journalistes actuellement emprisonnés et le cas particulier d’Anna Polititovskaia qui nous a tous extrèmement touchés.

Pour les Verts, l’année 2007 a été une année charnière.

Plus que jamais, cette année, on a parlé d’écologie. Je ne vous cache pas qu’au début ça nous a fait un peu bizarre de ne plus susciter la perplexité lorsque l’on parle de réchauffement climatique ou des méfaits de la pollution et devoir certains de nos plus farouches adversaires s’exprimer, souvent avec maladresse sur le principe de précaution ou le développement durable.

Alors évidemment, on se réjouit que les constats que nous portons à bout de bras depuis plus de 20 ans fassent enfin l’objet de l’attention qu’ils méritent.

Malheureusement, lorsque l’on peut constater dans la presse que toutes les marques de voiture sont plus écologiques les unes que les autres grâce au fameux « bonus », ou qu’EDF nous explique que le nucléaire, rien de tel pour le respect de l’environnement, je me dis que les Verts ont encore du pain sur la planche.

Aujourd’hui, tout le monde est d’accord sur les constats. Nous sommes à l’aube d’une crise écologique.

Plus grand monde ne conteste les objectifs à atteindre pour y répondre. Tant mieux.

Mais tout le monde n’est pas d’accord sur les moyens d’y répondre.

Et oui, tout le monde parle d’écologie. Mais les actes sont encore loin nous le verrons, alors je crois que c’est paradoxalement, à ce moment que, plus que jamais, on a besoin des Verts.

Prenons le Grenelle de l’environnement puisque ce devait être l’évènement fondateur du changement de perception de la crise écologique et bien la photo avec Al Gore était très réussie ! Je ne voudrais pas être cruelle, mais je me demande si au fond, ce n’était pas le seul objectif du Grenelle de l’environnement.

Le chapelet des fausses promesses serait long à égrainer. Ce qui nous soucie c’est que celles-ci ne bénéficient pas du même « traitement » pour reprendre votre vocabulaire

Prenez les autoroutes par exemple. On nous annoncé le jour même du Grenelle en couverture du Monde que la France va mettre fin à la construction d’autoroutes. Chouette alors ! se disent les écolos, on va enfin sortir du tout bagnole pour mettre en place une stratégie de développement des transports collectifs digne de ce nom.

Sauf que lorsque l’on lit cet article et quand on se penche sur les décisions, on lit qu’on va mettre fin à la construction d’autoroutes en France à l’exception des contournantes urbaines et des résorptions de points noirs. Et là, on a déjà comme un léger doute. Ces « exceptions » entre guillemets concernent une quarantaine de projets autoroutiers sur la cinquantaine que compte le pays.

Et puis quand quinze jours ou un mois après le Grenelle, on a le premier ministre ou les secrétaire d’Etat au transport que disent que certains projets d’autoroutes en plein champs, comme la Langon-Pau sont des projets prioritaires et que ces projets continuent d’être développés, comme si de rien n’était, on repense à la belle photo de Sarkozy avec Al Gore. Et là on se dit que des gens qui pipeautent plus que Chirac et la maison qui brûle, ça existe ! Plus c’est gros, plus ça passe.

Je ne vais pas vous reparler des OGM qu’on aurait à nouveau semés comme si de rien n’était sans la mobilisation de la famille écologiste. Je ne vais pas vous reparler de l’amendement que la droite à voulu faire passer en catimini afin de permettre d’épaissir le secret en cas d’incident dans les centrales nucléaires. Je ne vais pas vous parler non plus de la signature par Sarkozy et Zapatero voilà quatre jours de la construction d’une ligne THT qui ne sert à rien et qui va défigurer les Pyrénées des deux côtés de la frontière. Je ne vais pas non plus évoquer l’étude de l’IFEN qui a montré récemment que 9 rivières sur 10 sont polluées par les pesticides et que la situation empire. Après tout, madame la Marquise, tout va très bien en matière d’environnement en France. La preuve, Sarkozy a fait une photo avec Al Gore.

Alors oui, tout le monde parle d’environnement, tout le monde est d’accord sur le constat, on semblait même avoir trouvé des consensus sur certaines solutions. Mais pour l’application, il faut cesser d’être naïfs. Même nos partenaires de gauche sont décevants. Je vous le dit avec d’autant plus d’aisance que les Verts tirent leur bilan de 6 ans de mandature municipale. Je le dit et je le répète. Il ne faut pas être naïfs, il n’y aura pas d’écologie sans les écologistes ! Dans les faits, les seuls élus qui considèrent que l’écologie, ce n’est pas que de la com, ce sont les Verts. C’est dommage, mais la réalité, c’est cela.

Cela s’explique simplement par le fait que pour nous la protection de l’environnement ce n’est pas un truc « en plus » compatible avec n’importe quelle politique.

Nous le redirons toujours l’écologie politique c’est un autre projet de société basé sur le partage des richesses, en France mais aussi entre les pays du Nord et du Sud, basé sur l’économie des ressources et qui au produire plus préfère le vivre mieux. Ca parait simple mais c’est un changement profond que nous souhaitons.

Celui-là est totalement incompatible avec la politique de ce gouvernement. Les Verts sont déterminés à refuser qu’on embobine les Français avec des belles paroles et de la com. Nous sommes déterminés à nous battre pied-à-pied contre les régressions démocratiques qu’imposent Nicolas Sarkozy.

Sarkozy s’échine à détruire de façon pathologique toute forme de contre-pouvoir et c’est intolérable. Le Parlement, est plus que jamais une chambre d’enregistrement. Le dialogue social est dévoyé. Comment parler de dialogue avec des syndicats qui ont le pistolet sur la tempe pour accepter l’américanisation du marché du travail imposée par le Medef ?

Et bien malgré tout, les Verts continuerons de lutter de toute leur force contre un régime népotique qui met le pays en coupe réglée avec l’assentiment des « copains », chefs d’entreprises ou chefs d’état de pays dont les pratiques sont antithétiques avec notre conception de la politique. Nous continuerons de critiquer les politiques d’un gouvernement prédateur qui s’emploie à casser les classes moyennes et à rabaisser les pauvres au seuls profit de ceux qui ont déjà trop.

Nous continuerons de dénoncer la prolétarisation des centaines de milliers de jeunes qui travaillent en stage pour moins que le RMI dans des entreprises aux profits exorbitants. Car ce sont les mêmes jeunes qui servent de variable d’ajustement dans les entreprises, qui doivent s’endetter sur 30 ans pour et se paupériser durablement pour se loger.

Le gouvernement s’est empressé pendant l’été de claquer 15 milliards d’euros en prime diverses pour les Français riches parmi les riches. Nicolas Sarkozy, c’est le robin du bois de Boulogne, qui prend au pauvre pour donner au très riche.

On inflige les franchises médicales à tous pour récupérer 800 millions d’euros, tandis qu’avec la suppression de l’ISF on fait cadeau de 350 millions d’euros à 16 000 foyers hyper fortunés.

Voilà ce que la France est en train de devenir : la république des copains.

Nous continueront de dénoncer les rafles d’enfants et les fichiers dans les écoles. Jamais nous ne seront indifférents au parquement des étrangers dans des camps. Les mots semblent perdre de leur sens au fur et à mesure que l’on s’habitue à ce qui aurait semblé inenvisageable il y a peu.

Bien sûr quand je dis cela, je ne fais pas référence au cabinet d’audit mars & co. Vous savez, c’est ce cabinet qui va évaluer les ministres et qui, en même temps, entretiendrait des relations d’affaires avec le cabinet d’avocat de Nicolas Sarkozy. Sans même faire de commentaire sur cette affaire qui interroge profondément sur ce qu’est la politique, je me demande quand même à quoi servent la cour des comptes et les députés élus au suffrage universel.

Comme les Etats-Unis voilà 7 ans, comme l’Italie il y a quelques années, notre pays traverse une période de régression démocratique. Non, ce n’est pas sain qu’un homme veuille tous les pouvoirs et les obtienne. Non, ce n’est pas normal qu’un industriel intervienne pour censurer des articles dans un journal. Non, ce n’est pas normal de pourchasser des milliers de familles immigrées pour faire du marketing politique alors même que la commission européenne nous dit que l’europe a besoin d’immigration alors même que nous pillons encore les pays du Sud de leur richesses humaines et naturelles.

Nous avons toujours vertement critiqué la Ve République. Et plus que jamais nous continuons de le faire. La France un besoin d’un régime plus démocratique. La France a besoin de contre-pouvoir. La France a besoin de pluralité. La France n’a pas besoin d’un berlusconi bis.

Plus que jamais, les Verts sont décidés à ne rien laisser passer au gouvernement. Nous avons décidés collectivement de nous mettre en ordre de marche pour jouer à plein notre rôle de parti d’opposition, d’opposition qui propose un autre projet solidaire et respectueux.

Depuis plusieurs mois, nous l’avions dit, nous avons travaillé pour nous réformer et être à la hauteur de ces enjeux. Dans quelques jours, nous vous communiquerons les résultats de notre referendum sur notre réforme interne après avoir adopté à 70 % du conseil national les premières mesures. Les Verts achèvent une période d’introspection sans concession, et je ne suis pas peu fière ce travail mené de façon démocratique, transparente, concertée, qu’aucun autre parti n’a été capable de mener.

Nous voulons démontrer que la politique, c’est défendre un projet avec constance, c’est le défendre avec clarté, c’est être dans la construction.

Nous militants Verts, nous proposons la mise en place d’une politique écologiste globale qui trouve sa traduction concrète au niveau local. Nos convictions ne sont pas forgées à la faveur d’un sondage ou d’une vague médiatique.

Nous ne travestissons pas notre projet, nous l’assumons et nous le défendons. Nous ne disons pas tout et son contraire en même temps par électoralisme.

Nous voulons d’une société écologique, d’une société chacun trouve sa place, d’une société où l’on cesse de sacrifier l’environnement et la santé des citoyens aux intérêts mercantiles, d’une société dans laquelle la richesse est partagée et pas accaparé par une minorité de néo-aristocrates.

C’est pourquoi je vous invite à venir à notre prochain conseil national les 26 et 27 janvier prochains. Nous adopterons notre projet pour les élections municipales basée sur les réalisations et les réflexions menées partout en France. Une politique créative, une politique qui permet à chaque citoyen de trouver sa place, une politique qui soit écologiste, réellement écologiste, c’est possible. Depuis 2001, les élus Verts se battent avec courage pour mettre en place de telles politiques. Le bilan qu’ils tirent aujourd’hui est très bon, et je souhaite ardemment que les électeurs qui veulent plus d’écologie au pas de leur porte sauront nous accorder leur confiance.

Alors mesdames et messieurs, merci d’être venus aux vœux à la presse des Verts. Permettez moi de vous souhaiter et de nous souhaiter beaucoup de courage, parce que je ne sais pas qui - de la presse française ou des Verts - en aura le plus besoin en 2008.

Cécile Duflot

mise en ligne le lundi 14 janvier 2008 , par Cécile Deharbe Cécile Deharbe .


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