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Les émeutes urbaines en miroir.


Le couvre-feu comme bouclier sécuritaire

Il n’est pas étonnant que nombre de Français aient accueilli l’instauration du couvre-feu de façon positive. Il suffit d’avoir vécu quelques années en Zone Urbaine Sensible, pour savoir que ça devient insupportable.

Il n’est plus possible de laisser quoi que ce soit dehors sans que cela disparaisse dans les 5 minutes. Il faut même avoir constamment l’œil sur son coffre quand on décharge les courses ! On ne peut pas faire une remarque à un jeune sans se faire insulter. Ne vous risquez pas à signaler qu’un papier ça se jette dans une poubelle ou qu’un trottoir sert en priorité aux piétons et non aux vélos. Et si vous n’êtes pas du genre à vous laisser insulter par un gamin de 10 ans, vous ne tarderez pas à rencontrer un grand frère ou un cousin, qui vous expliquera qu’il n’y a plus de problème car il s’en occupe. Et que si ça recommence, tu n’as qu’à lui en faire part, car c’est lui qui fait la Loi.

Bref, plus de République. Et un semblant de mafia qui s’installe. En tout cas, c’est bien imité. Surtout que le grand frère t’as fait comprendre que si tu as besoin de quoi que ce soit, il peut te le trouver à des prix défiant toute concurrence.

Alors bien sûr, le fait de voir à nouveau du bleu pour faire appliquer les lois républicaines qu’on a cru perdus pour toujours n’est pas pour déplaire forcément. La plupart des citoyens ne veulent pas de cette glissade vers le Bronx ou Chicago !

Le couvre-feu comme miroir aux allouettes :

Il n’est pas étonnant que nombre de Français aient accueilli l’instauration du couvre-feu de façon positive. Il faut voir les tentatives de désinformation auxquelles les médias ont participé.

Si on les écoute, ce sont des caïds de banlieues à tendance islamistes qui ont organisé la coordination des actions, grâce à internet et aux téléphones portables. Les gesticulations du ministre de l’intérieur n’ont servi qu’à ce qu’on se focalise sur l’apparence ethnique des protagonistes. Encore un peu, et on aurait cru que des étrangers en voulaient à la France...

Mais ces jeunes sont Français. Et quand on en prend conscience, on se rend compte qu’on a encore eu droit à un scénario type "bouc émissaire". Pendant ce temps on nous cache que même avec Bac + 4 le jeune de moins de 25 ans ne trouve pas de travail s’il est d’origine maghrébine, antillaise, ou ... Trop souvent, ces jeunes se ressentent comme n’ayant pas d’avenir. C’est ce formidable gâchis qu’on a essayé de nous dissimuler dans un premier temps. Et pour corser le tout, on a supprimé une partie de l’aide aux associations dans les cités devenues des ghettos. Alors, pas d’avenir, plus de loisirs, ... Comment réussir ? Comment se sentir citoyens ? Et bien, il a fallu deux à trois semaines pour que les médias changent de discours et arrêtent de servir la soupe au(x) frustré(s) de l’UMP.

Enfin, on a parlé de discriminations,... et aussi de modèles d’intégration. Il était temps, car il y a urgence... sociale.

Jean-Marc Massin

mise en ligne le lundi 9 janvier 2006 , par Pascal Houplon Sans logo .


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